L’ornementation, cette tradition malaimée de l’architecture contemporaine

Un adepte d’architecture, enclin à goûter surtout le charme subtil du détail, l’art de l’enjolivement, et tout ce qui révèle la liberté soigneuse et imaginative du créateur, serait assurément révolté de voir le discrédit regrettable où l’ornement est tombé, il y a un siècle à peu près.

Comment l’ornement, qui fut la fleur de l’architecture traditionnelle, a pu de nos jours provoquer tant de répulsion, au point qu’Adolf Loos, architecte autrichien, en résumant l’intolérance unanime de ses confrères (Le Corbusier, Van der Rohe, Gropius) l’a qualifié de « crime moral » ? Pourquoi l’architecture moderne a rompu si brutalement et si rapidement le lien avec les coutumes symboliques et esthétiques que l’histoire a scellées et consacrées ?

 

 L’architecture moderne : rigueur et simplicité

 

C’est au début du siècle dernier qu’une extinction inquiétante a commencé de toucher le dessin décoratif, qui allait lentement tomber en désuétude. Et, comme en toute décadence artistique, l’exubérance a précédé l’épuisement. L’ornement a donc, suivant cette loi bizarre, démesurément proliféré, dans des formes et couleurs plantureuses et innombrables — suite à l’avènement de l’Art Nouveau, style moderne encore attaché à la décoration, —  avant de déserter, ou peu s’en faut, nos logis et nos meubles. Cet abandon brusque d’un usage immémorial peut dérouter. D’autant plus que des théoriciens de l’esthétique ont cru voir dans l’ornement l’essence même de l’art. Mais c’est au mépris de cette raison surannée que les bâtisseurs contemporains, soucieux d’ergonomie et d’efficacité économique, ont entrepris leurs créations.

L’expression architecturale moderne, selon des spécialistes plus modérés, devrait faire un usage discret et méthodique de l’ornement, dont la place serait par avance désignée par des conditions d’édification et d’utilisation cohérentes et rigoureuses. D’autres (parmi lesquels Auguste Perret) estiment que le problème de l’ornement doit être réétudié entièrement, et que l’architecture moderne doit tâcher de se délivrer des lourdes convenances décoratives dont elle a hérité, pour se constituer une identité nouvelle. Et en effet, l’apparition toute récente des styles minimaliste, introverti, extraverti, organique, naturel, etc. indique que la modernité a su s'avantager de ressources intéressantes et originales.

 

Les griefs contre l’art ornemental et sa dénonciation

 

Où trouver, contre l'ornement, des incriminations plus vivaces, plus malicieusement instructives que celles exposées par Adolf Loos ? Ce doctrinaire viennois, aux inspirations truculentes, à l’argumentation farfelue, a combattu sans répit la tradition décorative. Selon lui, l’époque contemporaine n’est plus en mesure de créer un ornement, lequel n’est plus qu’un procédé archaïque, qui marquerait la dégénérescence du goût et la méconnaissance de l’économie. En effet, notre critique utilitariste estime que cette pratique délicate et recherchée est une dilapidation du temps de travail et des matériaux, dont elle complique vainement la pureté. Il soutient des perspectives progressistes de l’art ; en veut chasser le caprice élégant, la connotation historique, et les fioritures qui sont la réjouissance de l’œil rêveur. Fidèle à son époque austère et énergique, et de même que Le Corbusier, il associe ces libres élaborations de la fantaisie à la féminité.

Mais la démonstration la plus surprenante est sans conteste l’association que Loos effectue entre l’ornement et le tatouage, qu’il perçoit comme une immoralité barbare annonçant le criminel.

Enfin, ces idées virulentes, mais révélatrices des impulsions profondes de l’esprit contemporain, tiennent peu compte de la propension naturelle de l’homme vers l’ornement et la beauté inutile.

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