Concevoir et modeler les grandes étendues, les portions d’une ville, les lieux de verdure et de récréation, ordonner et embellir dans le détail l’aspect d’une localité, c’est en peu de mots la définition de l’architecture de paysage. Cet art, qui remonte nécessairement aux premières organisations de cité, n’a cependant été envisagé comme une réelle discipline qu’au XIXème siècle. Et pourtant, au premier siècle av. J.-C., Vitruve, architecte romain, avait déjà composé un lumineux et mémorable traité sur l’aménagement territorial, la construction urbaine, et d’autres sujets novateurs en la matière. Les artistes de la Renaissance ont approfondi cet art et l’ont exhaussé à une hauteur sublime, comme le montrent les magnifiques jardins d’Italie.  

Un métier pluridisciplinaire  

Considérons de plus près les tâches remplies par l’architecte paysagiste et urbaniste, afin de mieux connaître cette profession qui requiert le concours de domaines scientifiques distincts et nombreux. L’architecture de paysage est un art de construction à grande échelle. Elle ne s’occupe pas des opérations délimitées et minutieuses de l’édification de bâtiment. Elle a un champ d’application plus large. Partant, les exigences qu’elle doit satisfaire sont en nombre plus grand. En premier lieu les mathématiques, puis l’ingénierie, la topographie, la géographie, l’arboriculture, la technologie, l’écologie et même la sociologie et la politique. Où l’architecte commence ses travaux par la projection du futur bâtiment, l’architecte paysagiste doit esquisser les plans larges des développements qu’il apportera à une zone géographique plus ou moins grande. Il peut contribuer à la suggestion de réformes touchant aux infrastructures, même si dans les faits ces modifications concrètes sont rarement réalisées.

Un large éventail de missions  

L’architecte paysagiste gère la conduction des eaux, et les zones de conservations des eaux pluviales, afin d’éviter les inondations. Cela implique une connaissance poussée de l’hydraulique. Il aménage, de manière générale, les espaces verts : les aires de sport, les parcs d’attraction, les grands jardins, les zoos, les infrastructures ludiques ; les lieux circonvoisins de bâtiments officiels et scolaires. Les espaces à forte agglomération, les zones d’activité industrielle relèvent également de son champ de manœuvre, tout comme les routes nationales, les structures logistiques, les ponts et les viaducs, les forêts, les allées piétonnes, les ports. Le concepteur paysagiste œuvre aussi à la conservation du patrimoine architectural, en particulier les jardins historiques. Il contribue aussi aux programmes industriels, réalise avec l’aide de l’ingénieur, les barrages, les centrales hydroélectriques, etc. Il examine les influences des constructions sur l’environnement et la productivité des sols. L’architecture de paysage est un art de la planification et d’invention composite à grande échelle. Au Maroc, cette discipline est peu réglementée et est comprise dans son acception la plus étroite. Elle est cependant le prolongement de l’architecture, la recherche de la corrélation entre les constructions isolées, l’étude de l’harmonie générale des villes. De brillantes études urbanistiques ont été menées, et les stratégies d’aménagement territorial sont nombreuses, saluées à l’étranger et réalisées par des architectes à qui il ne manque que les grands financements. L’un de ces projets et la réhabilitation du site minier de Jerada, à l’est du pays.