Architecture. Plus de 50 lauréats et 250 étudiants privés d’exercer leur métier!

Décidément, le blocage gouvernemental au Maroc n’aura épargné aucune institution. Les effets de cette paralysie ont touché les futurs architectes marocains aussi, qui ont manifesté le 21 mars devant le ministère de l’enseignement supérieur à Rabat.

L’Ecole d’Architecture et de Paysage de Casablanca (EAC) a fait parlé d’elle ces dernières semaines dans la presse nationale. Colère, grève et manifestations des étudiants-architectes, suite au retard enregistré par rapport à la reconnaissance de leur diplôme.

Après des semaines de négociation acharnée avec la direction de l’école et le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, l’Association des Lauréats et étudiants de l’Ecole supérieure d’Architecture de Casablanca (ALEEAC) a publié le 10 mars un communiqué de presse pour protester contre “le préjudice moral et matériel subi par plus de 50 lauréats et 250 étudiants, privés d’exercer le métier d’architecte et de porter le titre d’architecte en leur nom propre” peut-on lire sur le document.

Une création de l’Etat pas totalement reconnue par l’Etat

L’ALEEAC rappelle à travers ledit communiqué, que l’EAC est une exception dans la mesure où il s’agit d’une création d’Etat, suite à un appel à manifestation d’intérêt auprès des architectes, et avec un cahier des charges contraignant. L’école est effectivement sous la tutelle de deux ministères, à savoir le ministère de l’enseignement supérieur et celui de l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Ce dernier a validé la loi offrant l'accès à l'exercice de l'architecture à titre privé. Cependant, la condition de l'équivalence du diplôme octroyé par le ministère de l’enseignement supérieur reste la seule à devoir être remplie, explique l’association.

En dépit de la prise en compte des observations et recommandations émises par la dernière commission de contrôle qui s’est rendue à l'école le 06 Novembre dernier, l'approbation finale du ministère de l’enseignement supérieur se fait toujours attendre.

Ainsi, l’évaluation  des formations dispensées au sein de l’école casablancaise a été confiée à des commissions diligentées par l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat (ENA), dont le directeur avait attesté, au vu des rapports annuels successifs établis par  ces commissions, « que les enseignements dispensés à l’école sont conformes aux normes nationales et internationales de l’enseignement de l’architecture».

Sur la base de nombreuses évaluations successives, la filière d’architecture a été accréditée pour six ans. C’est-à-dire, jusqu’à la fin de l’année universitaire 2016-2017. Un deuxième mandat d’accréditation a été accordé par la commission de l’enseignement supérieur jusqu’en 2022.  

Pour ces raisons, les étudiants protestent également contre l’injustice subie par leur école, accréditée par le ministère de l’enseignement supérieur et reconnue au niveau international. Toujours selon la même source, cette école remplit ses engagements, tant au niveau matériel, que pédagogique par le recrutement de professeurs de haut niveau, qui plus est.

Une question qui traîne depuis 13 années

Contacté à ce sujet, le directeur général de l’EAC, Abdelmoumen Benabdeljalil, assure que l’école supérieure d’architecture de Casablanca est en phase avec la loi 00.01 portant sur l’organisation de l’enseignement supérieur au Maroc. “Nous avons été reconnus comme partenaire public-privé par le groupe Al Omrane, représentant de l’Etat au sein du conseil d’administration de l’école. Le ministère nous a demandé un engagement pour répondre à certaines conditions. Cet engagement a été fait. Il a été signé suite à une réunion du conseil d’administration, sauf qu’il n’est pas encore visé par Al Omrane, mais cela ne devrait plus tarder”, rassure-t-il.

En fait, pour le responsable, il a toujours été évident que cette école créée par l’Etat ne réussira à former des architectes que si le diplôme est reconnu par l’Etat, tranche-t-il. “C’est-à-dire que l’architecture est une profession libérale réglementée. Conséquemment, quelqu’un qui a un diplôme d’architecture et qui a un titre non reconnu, évidemment, il ne pourra pas exercer son métier”. C’est aussi simple que cela. Depuis le début, toutes les parties se sont mises d’accord sur la validation du diplôme année par année, pour qu’in fine le diplôme soit reconnu à la fin du cursus.

“ Puis ça a traîné. De nouvelles lois ont vu le jour, comme celles de l’accréditation, ou encore celle de la reconnaissance du diplôme. Et donc à chaque fois, il y avait une nouvelle loi qui imposait de nouvelles conditions, et ça s’est reporté d’année en année, ce qui fait que 13 années après la création de l’école, aujourd’hui le problème reste d’actualité”, déplore-t-il.

Néanmoins, le directeur est confiant quant au sort des futurs et anciens lauréats. “Les anciens diplômés également, verront leur diplômes reconnus à partir du moment où les nouvelles procédures d’octroi du diplôme reconnu seront appliquées à eux aussi”.

Une affaire à suivre.


Propos recueillis par Chaima Ezzahraoui pour Propoerty Finder Morocco (sarouty.ma)

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