L’architecture face aux mesures de distanciation sociale

L'architecture ne se nourrit pas d'elle-même. Elle se soutient par d’autres sciences, par les arts et les technologies. Sans ces autres affluents fondamentaux, elle ne pourrait pas exister. Sa richesse est directement proportionnelle à la présence de ces disciplines annexes. Dès ses origines, l'architecture a été étroitement liée à la mesure. Une obsession, qui est le transfert entre l'art créatif et la technique constructive. L'art et la technique, unis par la mesure.
D'abord le corps, puis les éléments proportionnels et normatifs et enfin les métriques complexes de différentes sortes. Historiquement, les traités de Vitruve, Léonard de Vinci et ont mis en lumières les relations mathématiques entre l'art et la nature, comme base fondamentale de l'architecture. Aujourd'hui, en raison de l'urgence sanitaire COVID-19, on parle de distanciation sociale. La notion de mesure en sera nécessairement modifiée. L’histoire nous montre comment les pandémies ont modifié l'architecture, d'abord la conception des villes, puis celle des logements. Nous développons notre existence dans des contextes architecturaux, urbains, territoriaux et géographiques. Si une mesure devait être transformée, les relations de tout ce système complexe sont inévitablement modifiées. La formulation, la résolution et la construction de l'architecture, passe par l'application de mesures réglementées et approuvées par différentes instances juridiques. La modification des mesures, des dimensions, des distances et des relations métriques a des conséquences qui modifient tout dans l'architecture.
L’urbanisme et de la construction exprime la logique de ses idéaux qualitatifs en mesures quantifiables. Lorsque nous illustrons ses normes, nous le faisons à partir de la métrique de ses mesures, qui se réfèrent à sa logique juridique, en tant que base réglementée de la conception architecturale, urbaine et territoriale.
Le Corbusier, dans le Modulor, établit un système de mesures, comme une relation profonde du corps humain avec un système anthropométrique de mesures interdépendantes, ayant une base qui supporte des échelles de conception, de résolution et de construction architecturale. L’anthropologue Edward Hall explique que la science qui étudie l’organisation spatiale dans les rapports humaines, appelée la « proxémie », établit une structuration inconsciente des personnes pour structurer, utiliser et percevoir l'espace dans l'interaction quotidienne, c'est-à-dire la proximité et la distance entre les interlocuteurs, qui fait partie de notre comportement communicatif en tant qu'êtres humains. Ainsi, de façon générale, il existe 4 types de distance : une distance intime (0,15 m à 0,45 m), une distance personnelle (0,75 m à 1,20 m), une distance sociale (2 m à 3,5 m) et une distance publique (au-delà de 3,50 m).
Tous les projets en architecture sont traités dans le cadre de ces paramètres. La distance sociale imposée par le COVID-19, est absolument nécessaire pour contenir, contrôler et éradiquer la propagation du virus mortel. Son application est urgente et vitale. Il y a peu, il était difficile de ne pas prêter attention à notre environnement physique, étant donné que la majorité de l'humanité était abritée dans des maisons, comme mesure de protection contre la nouvelle pandémie de coronavirus. Tout comme le domaine scientifique a dû faire de grands progrès pour contrer la maladie, l'architecture et l'ingénierie feront de même.  
Pour de nombreux membres des professionnels de conception et de construction, la propagation rapide du COVID-19 les a amenés à réévaluer leur mode de travail. Les grandes œuvres architecturales ne seront plus les mêmes. Ce sera notamment le cas lorsqu'il s'agira de projets où les gens se rassemblent en masse ou de grands espaces publics, tels que les aéroports, les hôtels, les hôpitaux, les gymnases et les bureaux. Certaines idées ont déjà émergé. Presque tous les professionnels du bâtiment prédisent que les espaces publics s'orienteront vers une plus grande automatisation afin d'atténuer la propagation des maladies. En ce sens, le Covid-19 accélère le développement de toutes sortes de technologies sans contact : portes automatiques, ascenseurs à commande vocale, entrée des chambres d'hôtel contrôlée par téléphone portable, interrupteurs et régulateurs de température à activation mains libres, étiquettes automatiques pour les bagages et l'enregistrement, et sécurité sanitaire plus poussée dans les aéroports.    

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